Le 30 septembre – L’homme semence

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L'homme semence

De Violette AILHAUD

Raconté par Martine FEBVRE – Mise en scène Khadija EL MAHDI

L’homme semence est un texte écrit en 1919 par Violette Ailhaud. Née en 1835, elle est morte en 1925 au Saule Mort, un hameau du village du Poil, dans les Basses Alpes, appelées aujourd’hui Alpes-de-Haute-Provence.

En 1852, Violette Ailhaud est en âge de se marier quand son village des Basses-Alpes est brutalement privé de tous ses hommes par la répression qui suit le soulèvement républicain de décembre 1851. Deux années passent dans un isolement total, les femmes ont scellé un pacte pour la vie de leur ventre. Un jour un homme arrive…

J’explique au Jean ce que nous attendons de lui. Il m’écoute sans m’interrompre, sourit et dit sans hésiter : Je ferai ce travail, parce que c’est un travail d’homme et que je ne vois pas d’autre homme ici. Je ferai ce travail avec conscience, je ferai ce travail avec plaisir aussi. Mais je ferai ce travail sans amour car l’amour je le garde pour nous.” Violette Ailhaud

Khadija El Mahdi : Aller vers la plus grande simplicité, porter la lumière de Violette et la transmettre au public. Telle a été la vocation de notre partage pour que résonnent les mots de Violette Ailhaud.

Que voulons-nous en tant que femmes ? Quels chemins se dessinent pour nous quand les guerres fauchent les hommes ? Quand cette part de notre humanité disparaît sous les balles, les bombes et la grande faucheuse? Nous, porteuses de vie, comment réagissons-nous à la haine, la solitude et la perte de l’espoir qui peut guider aux portes de la folie ?

Appel chaleureux et vibrant de l’auteur. Ode à la liberté, à l’amour et au courage. Sa sensualité et l’écoute qu’elle a de la nature guide la femme dans ses choix et l’amène à déployer son être au cœur des Alpes de Haute-Provence.

Révoltes, répressions sanglantes des hommes du village et isolement sont le sort de Violette et de ses compagnes en 1851. Face à la violence, le partage et la connivence des femmes se tissent pour le meilleur. Comme des plantes vivaces et odorantes leur transmission nous encourage à vivre, aimer et donner vie. Aller vers la force et la beauté du vivant même par temps mauvais. Sous l’arbre de vie, quand les cœurs s’ouvrent à l’audace de l’impensé naissent les idées et les rêves d’amour riches de semence fertile. Et selon la devise des républicains des Alpes de Haute Provence : « Plantons le thym, la montagne fleurira. »

L’histoire du projet : En 2013, nous étions en Avignon. Nous nous sommes donné rendez-vous, rue des teinturiers, pour prendre un thé à la menthe. Martine et moi étions attablées près du stand de Den, facteur de masques. Beaucoup de compagnies font une halte à cet endroit et évoquent leur travail. Une jeune femme habillée en tenue de paysanne parle de son spectacle : « l’homme semence » et nous sommes immédiatement interpellées par son récit. Le lendemain, Martine assiste au spectacle et partage avec moi la découverte de ce récit rare et troublant. Elle m’offre le texte. Après l’avoir lu, je l’invite à plonger dans l’aventure du solo. Je sens l’évidence d’une rencontre. Très vite Martine sera Violette. Comédienne et conteuse, je me propose de l’accompagner pour porter ce texte. Les liens intergénérationnels, les transmissions matriarcales sont au cœur de ma propre recherche. J’y vois une filiation évidente. Trois années plus tard, nous partageons avec vous le fruit d’une rencontre artistique mais aussi la part émergée d’un fabuleux échange intime autour du féminin, de la liberté et du don de vie.